Le palais royal (I) : Les premiers palais - Les palais rituels au Nouvel Empire (Le palais de Médinet Habou - Le palais de Mérenptah).
Plusieurs mots peuvent désigner le palais royal : - "âh" qui désigne un espace clos dont l'accès est restreint - "khenou" peut désigner le palais où réside le roi et la capitale - "per-aâ" est le terme le plus connu, il signifie "la grande maison" et a fini par désigner le roi lui-même : "pharaon" (forme grecque du mot). Le palais royal est à la fois la résidence du roi et le siège du gouvernement. Mais la capitale de l'Egypte antique n'est pas fixe. Memphis et Thèbes (à partir du Moyen Empire) sont les deux villes qui ont été choisies le plus souvent comme capitale. Mais il arrive aussi fréquemment qu'il y ait deux villes capitales en même temps : une capitale administrative et une capitale politique et religieuse. L'administration peut même se répartir entre ces deux capitales. Le roi possède des palais dans de nombreuses villes et ne réside pas toujours au même endroit. Il se rend dans ses palais secondaires pour présider les fêtes religieuses locales. On a constaté aussi qu'à partir de la XIXème dynastie, il y a des palais rituels incorporés aux temples. Le palais royal n'a pas pour fonction de résister au temps comme les tombes ou les temples en pierre, il est construit en matériaux périssables : briques crues et bois. Mis à part le palais de Ramsès II à Médinet Habou, très peu de palais nous sont parvenus en bon état. Les palais les mieux connus sont ceux d'Aménophis III à Malgatta, et d'Akhenaton à Amarna. Le palais de Ramsès II, à Pi-Ramsès (dans le delta), est connu grâce au papyrus Rainer, il n'en reste aujourd'hui que les fondations. On sait donc assez peu de choses du palais royal par l'archéologie, on doit souvent recourir à des sources iconographiques, à des textes sur papyrus ou tablettes d'argile.Les premiers palais La première évocation du palais est le serek de l'époque prédynastique : l'espace représentant une façade de palais dans lequel est inscrit le nom du roi. D'après les textes et les vestiges, le palais à la fin du Moyen Empire semble être organisé ainsi : Un premier complexe est composé de deux parties bien séparées - le coeur du palais constitué d'une grande pièce à colonnes servant de salle d'audience : "âkhenouti" (le roi dispose d'un trône sur une estrade dans cette salle) - les appartements privés pour la résidence de la famille royale : "kap" Un deuxième complexe abrite l'administration royale : "khenty". Autour de ces deux complexes, des entrepôts et des espaces de services ("chena") servent à stocker les réserves du palais et abritent les ateliers chargés de la production des vivres : boucheries, boulangeries, brasseries... Les différents secteurs du palais sont dotés de point de contrôle. Le palais est lui-même entouré d'une enceinte, la porte d'accès ("areryt") est surveillée par une garde spécifique. Une voie royale (ouat nesout) peut relier le palais au port pour faciliter les approvisionnements. D'après les textes, le palais abrite de nombreux serviteurs et le décor est luxueux. Le Roman de Sinouhé raconte les impressions d'un personnage revenu d'un long voyage en Asie. Après l'audience royale, le visiteur est conduit dans les appartements privés pour être hébergé."Je fus installé dans une maison de prince, dans laquelle se trouvaient des richesses. On y comptait une salle de bains, avec des miroirs et des objets précieux appartenant au Trésor : des vêtements de lin royal, de la myrrhe, de l'huile de premier choix. Des responsables, favoris du roi, étaient dans toutes les pièces ; chaque serviteur était à sa tâche. On me frictionna le corps avec des herbes fraîches, je fus épilé, et mes cheveux peignés. [... ] Je fus revêtu de tissu fin et oint d'huile à onction, je dormis sur un lit et laissai le sable à ceux qui y vivent".Les palais rituels au Nouvel Empire Les vestiges archéologiques étant plus nombreux, on connaît mieux les palais de cette époque. Les palais rituels associés aux temples (notamment ceux de Séthi Ier, Ramsès II, Mérenptah, Ramsès III) nous apportent de nombreuses précisions. Le palais s'ouvre toujours au sud de la première cour du sanctuaire. Mais dans la mesure où la structure du palais est peu développée (une salle à colonnes donnant accès à une salle plus petite pouvant être la salle du trône et quelques petits pièces pouvant faire fonction d'appartements privés) on pense que ce type de palais avait avant tout une fonction rituelle et non celle d'héberger la famille royale. La présence d'une fenêtre d'apparition au centre de la façade de l'édifice montre cependant l'importance de la présence du roi lors des cérémonies religieuses. Le palais de Médinet Habou A Médinet Habou, la fenêtre d'apparition était ornée de représentations du roi massacrant les ennemis. Il se pourrait donc que le palais avec sa fenêtre d'apparition symbolise la présence royale, le pharaon ne pouvant assister à toutes les fêtes religieuses.
Certains de ces palais rituels sont plus développés et ne semblent pas uniquement symboliques. C'est le cas du palais de Mérenptah à Memphis qui se distingue par son importance : 105 m de longueur sur 30 m de largeur. Les murs sont en briques crues mais les colonnes et les encadrements des portes et des fenêtres sont en pierre calcaire. L'entrée est composée d'une rampe d'accès donnant dans un vestibule à quatre colonnes. Ce dernier débouche sur une cour à ciel ouvert entourée d'un portique de 34 colonnes. Après avoir traversé la cour de 53 m de longueur on accède à un deuxième vestibule qui conduit à la salle du trône fermée par un porte à double battant. Le trône est adossé au mur sud et placé sur une estrade desservie par deux escaliers latéraux. A l'arrière, se trouvent les appartements privés du roi : une chambre avec lit, une salle de séjour, une salle de bains, des latrines. Le roi pouvait donc pratiquement résider dans ce palais mais sans doute pas de façon prolongée. En revanche, la disposition du trône dans l'axe du bâtiment, les différents vestibules, la porte à deux battants font penser au dieu du temple protégé dans son naos. La décoration du palais était luxueuse : colonnes incrustées de faïences bleu-vert, murs peints, encadrements des portes sculptées de la titulature royale, plate-forme du trône décorée de motifs d'ennemis captifs alternant avec des arcs. | |||||||||||||||